Santé-environnement : nouveau défi du mutualisme

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L’Organisation mondiale de la santé emploie le terme « One Health » (une seule santé) pour évoquer cette nouvelle vision qui fait de la santé humaine, animale et environnementale, les trois piliers d’une santé globale. Cette nouvelle façon d’appréhender la santé constitue d’ores et déjà un défi et un espoir pour les acteurs mutualistes.

Par où commencer ? Dire que nous sommes interdépendants du monde qui nous entoure ? Que nos actions ont des conséquences directes sur tous les autres organismes… et que leur plus ou moins bonne santé peut avoir sur les activités humaines des conséquences dramatiques ? Tout est vrai, tout est complexe, et nous allons devoir agir sur tous les leviers à la fois pour réussir le pari d’une vie soutenable sur le long terme.

Quelques chiffres pour poser le débat ? 60 % des maladies infectieuses humaines ont une origine animale1, les maladies et les ravageurs causeraient jusqu’à 40 % de pertes des cultures vivrières mondiales2, les activités humaines entrainent une contamination de l’environnement par des substances toxiques et dans le même temps, la déforestation accroit le risque d’exposition des humains et des élevages à de nouveaux pathogènes… Enfin, 58 % des maladies chroniques sont aggravées par le changement climatique3. La liste n’est évidemment et malheureusement, pas exhaustive…

Le terme « Santé-environnement » définit un nouveau champ d’actions

Afin d’éviter la confusion avec la « santé environnementale » qui renvoie à la seule santé des écosystèmes, le concept de « santé-environnement » a été retenu parce que correspondant le mieux à cette relation d’interdépendance entre la santé animale et humaine et l’environnement.

Parallèlement, et depuis 2022, une résolution des Nations Unies affirme que l’accès à un environnement propre, sain et durable constitue un droit humain universel. Depuis 2024, la France produit tous les 5 ans un plan national santé-environnement, tandis que l’Union Européenne fait de la neutralité carbone et d’un environnement exempt de substances toxiques, deux objectifs fondamentaux à atteindre d’ici à 2050.

Parce que c’est bien l’activité humaine qui est à l’origine des crises environnementales que nous connaissons, c’est d’abord sur nos activités qu’il convient d’agir afin, d’abord, d’en réduire l’impact, puis d’envisager de nouvelles approches. Pollution atmosphérique, pollution de l’eau, pollution plastique, particules fines… toutes ces atteintes à l’environnement sont la conséquence directe de choix de société. Les canicules à répétition sont évidemment la conséquence directe du réchauffement de la planète, mais elles sont aussi une porte ouverte à de nombreuses allergies ainsi qu’au regain de maladies infectieuses graves (choléra, dengue, etc.) et des dizaines de substances toxiques sont présentes dans nos corps (perturbateurs endocriniens, PFAS, résidus de pesticides, métaux lourds, etc.) Nos nouvelles habitudes de vie ont par ailleurs un impact très direct sur notre santé et on pourra citer en vrac, la « malbouffe », la sédentarité, l’usage excessif des écrans, la diminution des heures de sommeil…

L’Organisation Mondiale de la Santé estime que, chaque année, 24% des décès sur la planète, soit près de 13 millions d’individus, peuvent être attribués à des facteurs environnementaux ! 


Quel doit être le rôle des mutuelles ?

Le mutualisme propose, avant toute chose, une approche singulière qui en fait son originalité et sa valeur. Cette certitude que la coopération et la co-production de solutions est la méthode à la fois la plus efficace et la plus respectueuse de chacun. Hier, il préfigurait la Sécurité Sociale. Aujourd’hui, face à la montée universelle des risques systémiques, face au risque d’explosion des inégalités de santé, face enfin à l’ensemble des menaces directement ou indirectement liées au dérèglement climatique et à la perte de biodiversité, les mutuelles entendent proposer de nouvelles solutions en coopération avec les scientifiques et les médecins à destination des entreprises et des particuliers. Faire le pari de la prévention, faire le pari de la coopération.
La lutte contre la crise écologique n’efface par les combats déjà à l’œuvre : droit à la santé pour tous, sauvegarde de l’hôpital public, marchandisation des données personnelles…

Si la santé est globale, les réponses que les mutuelles doivent proposer devront l’être aussi et faire converger respect de l’humain et respect du vivant.

1Chiffres OIE 
2Chiffres FAO
3Chiffres National Climate change été 2022