Qu’est-ce que vous retenez de cette expérience ?
Alain : De belles rencontres, de belles personnes. On se rend compte que le projet sportif est au cœur de tous leurs projets. Ces mises en situation de handicap, pour moi, c’était une révélation aussi, parce qu’on a beau s’imaginer des handicaps comme ça, dans différents sports, qu’on attache les mains ou qu’on ait une mobilité réduite sur certains appareils, ça engendre un peu de frustration parce qu’on a envie de s’exprimer pleinement. Mais on sait qu’eux sont dans cette situation tous les jours. C’était une bonne sensibilisation. J’ai été bon ?
Théo : Si, tu étais très bon ! C’était un régal, et d’avoir pu faire ça avec Alain, c’était que du bonheur. Il a été vraiment intéressé à chaque épisode et c’est ce que j’ai apprécié. Les sportifs ont joué le jeu, et Alain aussi, donc ça va rendre super bien.
On peut parler de complicité ?
Alain : Le fait de se connaître depuis un certain moment (se connaître sans trop se connaître finalement) je crois qu’on a beaucoup de respect mutuellement l’un pour l’autre. Théo, il est jeune et il est inspirant. Et peut-être que j’ai été inspirant pour lui à un autre moment d’une autre façon. On s’entraide, avec une génération d’écart quand-même, et on s’entraide dans nos projets. On est curieux de partager nos anecdotes et nos péripéties quand ça arrive aussi ! On a toujours besoin de repères.
Quel a été le plus difficile ?
Alain : Le plus frustrant est de ne pas pouvoir s’exprimer à nos pleines capacités, qu’on ait les mains dans un sac, ou qu’on soit attaché, etc. Ce sont des choses frustrantes.
Théo, que penses-tu de ta première expérience d’animateur ?
C’est hyper intéressant, mais en même temps ça me fait bizarre d’être de l’autre côté, car habituellement on me pose des questions et je réponds, alors que là, c’était l’inverse. C’était intéressant, je me suis éclaté, et pourquoi pas continuer encore dans cette voie-là.
Donner plus de visibilité sur le handisport
Théo : On est en plein dedans, c’est en train de progresser. Il y a de gros efforts qui sont faits avec les médias mais ça prend beaucoup de temps. On est en pleine progression. Nous, sportifs handi, on se le dit et on est conscient que les choses sont en train de changer, mais ça prend un peu de temps.
Alain : Avec le recul, je me rends compte qu’il y a une vingtaine d’années Théo, en l’occurrence, n’aurait pas occupé l’espace médiatique qu’il occupe aujourd’hui. C’est en grand partie liée aux réseaux sociaux car il est capable de poster des choses sur sa vie, sur ses défis, sur son quotidien. Donc on s’immerge assez facilement dans son environnement. Mais il y a une vingtaine d’années, cela aurait sans doute été une autre paire de manches car espace médiatique plus restreint. C’est ça aussi qui fait la force de cette démocratisation, j’ai envie de dire du handicap. On est sur le bon chemin. On y travaille, d’abord à travers la websérie Harmonie Heroes, on a envie de sensibiliser les gens qui vivent ce handicap, mais aussi celles et ceux qui ne le vivent pas et qui sont touchés par ça. J’espère que ces expériences vont leur donner envie d’en parler autour d’eux.
Faire de sa différence une force, un leitmotiv ?
Théo : C’est la phrase que j’utilise souvent et que c’est la vérité pour moi, je le pense vraiment. Quand on a subi quelque chose de grave ou d’intense dans notre vie, on en sortira toujours plus fort, qu’il s’agisse d’une maladie, d’un accident, ou la perte d’un proche. Certes c’est difficile au début, on met du temps à s’habituer et à refaire parfois sa nouvelle vie, mais en tout cas pour ma part, le handicap ca a été quelque chose, mais je m’en suis servi comme tremplin. J’ai repris ma vie à zéro et aujourd’hui, je kiffe ma vie ! Et c’est que du bonheur. La seule chose que je dis c’est que, si moi j’ai pu le faire, tout le monde peut le faire.
Vous partagez une passion commune qui est la natation. Qu’est-ce qui vous a donné envie de nager ?
Théo : Pour ma part, c’était Philippe Croizon, nageur de l’extrême. Ça m’a donné envie de faire comme lui, justement, j’ai vu que lui était capable de nager. Je me suis dit pourquoi pas moi. Et ça a commencé comme ça.
Alain : Pour moi ça a été pour des raisons de sécurité dans un premier temps. C’est ma maman qui voulait que j’apprenne à nager comme les grandes sœurs. On habitait à côté d’une piscine et j’ai chopé le virus, comme on dit. Je ne suis plus jamais ressorti des bassins. Voilà ce qui est fort et ce qu’il faut retenir, c’est qu’à travers du sport, on arrive à faire des projets immenses. Et, comme dit Théo, on peut avoir des accidents de vie, des grosses déceptions, la vie nous offre tellement de choses à faire à travers le sport, c’est une ressource inépuisable de rencontre, de plaisirs, de défis, d’environnement. Cette attitude positive de Théo, elle nous inspire tous.