Intéressement et participation : des dispositifs attractifs pour les TPE / PME ?

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Attirer et fidéliser les salariés : voilà un défi auquel toutes les entreprises sont confrontées. Cependant, TPE et PME sont souvent moins bien armées pour faire face à ces enjeux puisqu’elles ne disposent que rarement des compétences d’experts en interne.



Il n’existe cependant pas de fatalité. Pour améliorer leur attractivité, ces entreprises doivent travailler sur leurs conditions de travail, leur image et leur politique salariale. Mais parler salaire, ce n’est pas raisonner uniquement en salaire brut. Bien au contraire ! Plus que jamais, les entreprises se doivent de proposer des dispositifs de partage de la valeur afin d’améliorer la rémunération nette proposée à leurs salariés.

  • De nouvelles contraintes légales vont d’ailleurs s’appliquer en la matière, y compris dans les entreprises de 11 à 50 salariés. En effet, dès 2025, celles qui réaliseront un bénéfice net fiscal d’au moins 1% du CA pendant 3 exercices consécutifs devront soit : 

    Si les entreprises de moins de 11 salariés ne sont pas concernées par cette obligation, elles risquent de subir la concurrence, à l’embauche, d'entreprises à peine plus grandes qui proposeront ces dispositifs. De quoi les inciter, elles aussi, à mettre en place ces outils.

    Alors, qu’il s’agisse de renforcer son attractivité ou de répondre à de nouvelles exigences légales, quels dispositifs de partage de la valeur recommander à vos clients ?

    Pour tâcher d’y voir plus clair, nous proposons dans cet article, une évaluation des avantages et des inconvénients des trois dispositifs suivant : 

    • Prime de partage de la valeur
    • Participation
    • Intéressement

Prime de partage de la valeur : un outil flexible mais avec certaines limites

  • Avantages du dispositif :

    Comme évoqué dans notre édition de mars 2024, la Prime de Partage de la Valeur semble aujourd’hui être le dispositif à privilégier dans les entreprises de moins de 50 salariés, au moins durant les 3 années à venir. En effet, de 2024 à 2026, ce dispositif bénéficie encore d’exonérations totales sur le plan fiscal et social sous réserve de respecter les conditions suivantes : 

    • ne pas dépasser 3000 euros de prime versée (ou 6000 euros si l’entreprise bénéficie également d’un accord d’intéressement)
    • le salarié ne doit pas avoir perçu une rémunération supérieure à 3 fois le montant du SMIC au cours des 12 derniers mois précédant le versement de la PPV
    • le versement de la PPV doit avoir lieu avant le 31 décembre 2026

    Outre ces régimes social et fiscal avantageux, la PPV revêt l’avantage de pouvoir être versée trimestriellement, ce qui est toujours positif pour le pouvoir d’achat des salariés. 

    De plus sa mise en place est relativement simple puisqu’une décision unilatérale de l’employeur suffit et il est possible de moduler le montant versé aux salariés, à condition que cela repose sur des critères objectifs (ancienneté, séniorité…)

    Limites du dispositif

     Si le régime social et fiscal est encore avantageux pour les entreprises de moins de 50 salariés jusqu’à fin 2026, il bénéficiera ensuite des mêmes règles que l’intéressement : 

    • exonération de forfait social pour les entreprises de moins de 250 salariés
    • exonération de cotisations sociales salariales, à l’exception de la CSG/CRDS
    • exonération d’impôt sur le revenu uniquement en cas d’affectation sur un PEE ou un PERCOL

    Le second inconvénient de ce dispositif est qu’il ne peut pas bénéficier de manière avantageuse aux rémunérations supérieures à trois fois le smic / an. La PPV paraîtra donc moins adaptée aux entreprises employant des cadres très qualifiés.

    Le plafonnement du montant versé constitue également une limite du dispositif. Certes, 3000 euros peut sembler important pour certaines structures mais ce point sera à évaluer en fonction du secteur d’activité et de la rémunération moyenne de l’entreprise.

    Enfin, la prime de partage de la valeur revêt une dimension “court-termiste” : l’entreprise verse une prime lorsqu’elle le décide sans prendre d’engagement sur le futur. Si ce point peut être un avantage pour l’entreprise, c’est aussi un facteur d’incertitude pour les salariés qui peut limiter l’attractivité du dispositif. Par ailleurs, le montant des primes de partage de la valeur s’appuie rarement sur des indicateurs économiques détaillés. En ce sens, les salariés ne sont pas toujours en capacité de comprendre le lien entre la performance de l’entreprise et le montant versé. Ils peuvent donc avoir du mal à identifier comment leur action va améliorer le montant de cette prime.

Prime de participation volontaire : un outil plus flexible mais dont les modalités peinent à convaincre

  • La participation est un dispositif obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés dont les modalités de calcul sont définies par les textes. Cependant, elle peut aussi être mise en place dans les entreprises de moins de 50 salariés à titre volontaire. Dans ce cadre, elle bénéficie d’avantages intéressants.

    Avantages du dispositif

    Lorsqu’elle est mise en oeuvre de manière volontaire, la participation bénéficie également de régimes fiscal et social attractifs : 

    • exonération de forfait social
    • exonération de cotisations sociales salariales, à l’exception de la CSG/CRDS
    • exonération d’impôt sur le revenu uniquement en cas d’affectation sur un PEE ou un PERCOL

    Contrairement à la PPV, les sommes pouvant être versées par ce biais sont bien plus importantes puisque le plafond s’élève à 34 776 euros en 2024 (75% du plafond annuel de sécurité sociale)

    De plus, ce dispositif peut également bénéficier au chef d’entreprise dans les entreprises de moins de 50 salariés ce qui peut permettre d’optimiser la rémunération de ce dernier.

    Dernier avantage, et non des moindres : depuis décembre 2023, il est possible, à titre expérimental (et jusqu’en novembre 2028), de prévoir une formule de participation moins favorable que la formule légale. Mais la mise en place du dispositif se heurte aussi à quelques contraintes.

    Limites du dispositif

    La mise en place de la participation volontaire reste tout de même relativement compliquée, notamment pour une petite entreprise. Ainsi, elle peut être mise en place en reprenant le dispositif prévu par la branche professionnelle dont l’entreprise dépend par le biais d’un accord collectif ou d’une décision unilatérale. Mais peu de branches disposent d’un tel accord à ce jour.

    Elle peut également opter pour un accord avec des représentants syndicaux, un accord avec le CSE ou la ratification du projet d’accord à la majorité du personnel.

    Enfin, une décision unilatérale de mise en œuvre est possible en cas d’échec des négociations (seulement si la formule de calcul de la participation n’est pas moins favorable que la formule légale).

    Outre ce formalisme, la formule de calcul peut s’avérer difficile à comprendre pour les salariés et le chef d’entreprise : à l’arrivée, le lien entre performance de l’entreprise et formule de calcul de la participation n’est pas toujours évident à faire.

    Dans ces conditions, il peut-être pertinent d’explorer un autre dispositif.

Intéressement : le dispositif à privilégier ?

  • Avantages du dispositif

    Tout comme la participation mise en place de manière volontaire, l’intéressement bénéficie lui aussi de régimes fiscal et social très attractifs :

    • exonération de forfait social pour les entreprises de moins de 250 salariés
    • exonération de cotisations sociales salariales, à l’exception de la CSG/CRDS
    • exonération d’impôt sur le revenu en cas d’affectation sur un PEE ou un PERCOL

    De la même manière, ce régime est ouvert au chef d’entreprise dans les entreprises de moins de 250 salariés, ce qui permet là aussi d’optimiser la rémunération du dirigeant.

    L’intéressement est également simple à mettre en œuvre dans les entreprises de moins de 50 salariés puisqu’il pourra s’appuyer sur une décision unilatérale de l’employeur, tout comme la prime de partage de la valeur.

    Le plafonnement des sommes qui peuvent être distribuées par ce biais laisse de la marge : le montant global des primes d’intéressement distribuées aux salariés ne doit pas dépasser 20% des salaires bruts versés à l’ensemble des salariés de l’entreprise dans la limite de 75% du plafond annuel de sécurité sociale (soit 34 776 euros en 2024).

    Ces primes d’intéressements peuvent d’ailleurs être versées en plusieurs fois via un système d’avances que la loi du 1er décembre 2023 encadre : ces avances doivent être prévues par un accord d’intéressement et autorisées de manière expresse par leurs bénéficiaires.

    Dernier point intéressant : la détermination du calcul de la formule d’intéressement est à la main de l’entreprise (ou plus largement des négociateurs de l’accord). Ainsi, il est pleinement possible de lier performance de l’entreprise et distribution d’un complément de rémunération. Par ce biais, l’intéressement permet de mieux associer les salariés à la performance économique de l’entreprise.

    Si le choix des indicateurs économiques pertinents pour le calcul de la formule d’intéressement n’est pas toujours aisé pour les chefs d’entreprise, votre aide pourra s’avérer précieuse. 

    Notons enfin qu’il existe une grande souplesse sur la durée d’application de l’intéressement puisque l’entreprise peut opter pour un accord d’une durée d’un à cinq ans.

    Limites du dispositif

    Les contraintes liées à ce dispositif sont en réalité assez minces : nous noterons tout de même que l’intéressement a un caractère aléatoire (c’est même une condition de validité) : ainsi on ne peut savoir de manière exacte la somme que l’on va verser. Néanmoins, comme l’entreprise définit la formule de calcul de l’intéressement, elle sera en mesure de savoir ce qui est soutenable ou non pour ses finances. Il est cependant préférable que l’entreprise s’appuie sur vos conseils dans cette évaluation.

    Notons également que, jusqu’en décembre 2026, les régimes social et fiscal de l’intéressement seront moins intéressants que ceux de la PPV pour les salariés bénéficiaires (dans les entreprises de moins de 50 salariés uniquement). C’est peut-être l’élément majeur qui fera pencher la balance encore quelques années vers la PPV.


  • En complément de ces dispositifs, il sera important de prévoir un plan d’épargne entreprise ou un plan d’épargne pour la retraite collectif pour laisser aux salariés de vos clients la possibilité de placer les sommes versées.

    Si vous avez besoin d’accompagnement dans l’ouverture de ces plans, n’hésitez pas à prendre contact avec nos conseillers Harmonie Mutuelle.


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    Le succès de la Prime de Partage de la Valeur (PPV) ne se dément pas depuis août 2022 : les entreprises du secteur privé ont ainsi versé plus de 5,2 milliards d’euros de PPV en 2023, après en avoir versé 4,5 milliards l’année précédente. La moyenne des primes perçues par les salariés s’élevait, quant à elle, à 790 euros au 4ème trimestre 2023, selon les données recensées par l’URSSAF.