Améliorer sa politique salariale grâce à l’épargne salariale et retraite

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L’actualité législative a été relativement calme durant l’été, dissolution de l’Assemblée Nationale oblige. Cependant, des décrets très attendus concernant la prime de partage de la valeur et l’épargne salariale sont tout de même parus début juillet.

Quelles sont les principales nouveautés ? Comment cela va impacter les pratiques de rémunération de vos clients ? Nous vous proposons un focus sur ces thématiques qui pourraient intéresser vos clients au cours des discussions de pré-clôtures des comptes 2024.

Prime de partage de la valeur : versement sur les supports d’épargne salariale, mode d’emploi

  • Le régime de la prime de partage de la valeur a beaucoup évolué ces derniers mois : rappelons que jusqu’au 31 décembre 2023, cette prime était exonérée d’impôt sur le revenu, de CSG/CRDS et de cotisations sociales (salariales et patronales), pour tous les salariés gagnant moins de 3 fois le SMIC sur les 12 derniers mois qui précèdent le versement de la prime (soit environ 62 400 € à fin 2023). Cela en faisait donc un régime particulièrement attractif.

    Une limite toutefois était posée : l’exonération ne vaut que dans la limite de 3000 €/an et par salarié (voire 6000 € si l’entreprise a également un dispositif d’intéressement). Cela laisse donc une certaine marge de manœuvre à vos clients quand on sait que les montants moyens de PPV distribués sont inférieurs à 1000 euros.

    Depuis le 1er janvier 2024, le régime décrit n’est plus applicable qu’à deux conditions cumulatives :

    • la prime de partage de la valeur est versée dans une entreprise de moins de 50 salariés
    • elle bénéficie à des salariés gagnant moins de 3 fois le SMIC

    Ce régime dérogatoire a vocation à s’appliquer jusqu’à la fin de l’année 2026.

Mais qu’en est-il pour les autres, les salariés gagnant plus de 3 fois le SMIC et/ou travaillant dans une entreprise de plus de 50 salariés ?

  • Pour ces derniers, la prime est assujettie à CSG/CRDS et est exonérée de cotisations sociales dans les mêmes limites qu’indiquées précédemment (3000 euros ou 6000 euros si existence d’un accord d’intéressement).

    L’entreprise sera, quant à elle, exonérée totalement de contributions patronales si elle compte moins de 250 salariés. Au-delà, un forfait social de 20% sera applicable.

    Côté fiscal, la règle sera désormais celle de l’assujettissement à l’impôt sauf si les sommes sont épargnées sur un PEE ou un PERCOL.

Comment faudra-t-il procéder pour laisser cette possibilité aux salariés concernés ?

  • En pratique, toute entreprise qui distribue de la PPV à compter de 2024 devra remettre, à chaque salarié, une fiche (papier ou en version électronique) indiquant :

    • Le montant de la prime de partage de la valeur versée ;
    • La retenue éventuellement opérée au titre de la CSG/CRDS ;
    • La possibilité d’affecter cette somme à un plan d’épargne entreprise (PEE ou PERCOL) ;
    • Le délai dont le salarié dispose pour effectuer la demande d’affectation (15 jours)
    • En cas d’investissement sur un PEE/PERCOL, elle devra également fournir des informations sur le délai de blocage et les conditions de déblocage ou de transfert anticipé de ces sommes.

    Ainsi, la prime de partage de la valeur s’avère toujours très avantageuse pour les TPE / PME pour deux raisons principalement :

    • À l’instar de l’intéressement, elle bénéficie d’un régime social extrêmement favorable (aucune contribution patronale) Contrairement à l’intéressement elle peut être mise en place de manière très simple, par décision unilatérale de l’employeur, sans nécessité de définir une formule de calcul. Il faudra tout de même veiller à définir les critères objectifs justifiant la distribution de montants différents aux salariés.

    Cependant, pour optimiser son intérêt, notamment sur le plan fiscal, elle devra être couplée avec la mise en place d’un PEE et/ou d’un PERCOL. C’est déjà le cas dans toutes les PME de plus de 50 salariés et pour les entreprises comptant des salariés gagnant plus de 3 fois le SMIC.

    Ce sera le cas pour les autres à compter du 1er janvier 2027. Alors autant anticiper !

Plan d’épargne entreprise : un support toujours plus attractif pour les salariés

  • Depuis début juillet, de nouvelles règles sont entrées en vigueur, l'occasion de faire un point sur les modalités d’alimentation et les cas de déblocage anticipé du plan d'épargne entreprise (PEE), résumés dans l’infographie suivante :

  • Désormais, le PEE peut être alimenté par :

    • une prime de participation
    • une prime d'intéressement
    • une prime de partage de la valeur (c'est la nouveauté)
    • de l'abondement de la part de l'entreprise

    Dans tous ces cas, les sommes versées sur le PEE sont exonérées d’impôt sur le revenu (dans la limite de certains plafonds).

     Attention toutefois, cette exonération ne concerne pas les plus-values potentielles réalisées grâce aux placements financiers de ces sommes.

    D'autres cas d'alimentation sont possibles mais ils ne bénéficient pas d'exonération fiscale :

    • Versements volontaires des salariés : ces sommes ne sont pas déductibles de l'impôt sur le revenu
    • Transfert de droits du CET : les droits provenant de sommes épargnées sur un CET sont imposables au moment de leur transfert car elles sont considérées comme un versement volontaire
    • Transfert des droits d'un autre plan d'épargne entreprise : l'exonération d'impôt est déjà effective (si c'est justifié) lors du versement initial des sommes sur le premier plan d'épargne entreprise.
  • Les sommes versées sur le PEE sont, par principe, bloquées pendant un minimum de 5 ans.

    Cependant, de nombreux cas de déblocage anticipé existent.

    Depuis début juillet, 3 nouveaux cas ont été ajoutés à la liste :

    • Rénovation énergétique de la résidence principale : travaux de toiture, fenêtres, murs extérieurs, appareil de chauffage et d'eau chaude sanitaire qui permettent d'améliorer l'isolation ou la performance thermique... 
    • Activité de proche aidant : la personne "aidée" peut être le conjoint, un enfant, un parent, un ascendant ou un descendant au sens large, un collatéral ou une personne âgée avec laquelle l'aidant réside ou avec qui il entretient des liens étroits et stables 
    • Achat d'un véhicule électrique ou hydrogène : Cela concerne autant les voitures, scooters, motos que les vélos (à condition que ces derniers soient achetés neufs) 

    Attention, il existe un délai maximum de 6 mois pour demander le déblocage anticipé dans les cas de rénovation énergétique de la résidence principale et de l'achat d'un véhicule électrique/hydrogène (à partir de la réalisation de la dépense).

    En revanche, aucun délai n’est imposé pour le déblocage lié à l'activité de proche aidant.

    Avec ces nouvelles règles, les salariés de vos clients auront un intérêt supplémentaire à affecter les sommes sur le PEE.

    En effet, si cela pouvait paraître contraignant de bloquer leur argent durant 5 ans pour bénéficier de l’avantage fiscal associé, les cas de déblocage anticipés sont désormais tellement larges qu’il ne faut plus hésiter à franchir le pas.

    Pour les y encourager, il est important de présenter le PEE véritablement comme une épargne moyen terme qui peut être débloquée pour la réalisation de certains projets d’ampleur ou faire face à des imprévus, limitativement prévus par les textes de loi.

Plan d’épargne retraite collectif (PERCOL) : comment mieux communiquer sur son intérêt à long terme ?

  • Alors que 80% des français estiment qu’il est utile d’épargner en vue de sa retraite pour compléter les pensions des régimes obligatoires (sondage IFOP), le PERCOL peine encore à séduire. Selon les dernières données publiées par la DARES en 2024, seuls 30,6% des salariés ont accès à ce dispositif.

    Ce chiffre tombe même à 6,8% dans les entreprises comptant entre 11 et 49 salariés. Alors, pour inciter davantage vos clients à ouvrir ce type de plan, il peut être opportun de communiquer plus sur ses avantages à long terme, exemple chiffré à la clé.

    Pour ce faire, il pourrait être pertinent de démontrer l’intérêt de placer, sur du long terme, une prime de partage de la valeur (ou d’intéressement / participation).

    Illustration : Prenons l’exemple d’un salarié qui perçoit une prime de partage de la valeur de 1000 euros nette de CSG/CRDS chaque année pendant 30 ans (on se place ici dans le cas où la PPV est par principe imposable, ce qui sera le cas pour toutes les entreprises à horizon 2027)

  • Commentaires 

    Option 1️⃣ : il décide de percevoir directement cette prime dans sa poche au moment de sa distribution. Dans ce cas, il devra payer de l'impôt sur le revenu sur cette prime (disons 11% pour l’exemple en simplifiant le calcul de l’IR sans prendre en compte l’impact de la décote et de l’abattement pour frais professionnels). Après 30 ans, il aura encaissé 26 700 euros de prime de partage de la valeur nette d’impôt.

    Option 2️⃣ : il décide de verser ses primes de partage de la valeur sur son PERCOL chaque année. La performance moyenne des FCPE sur lesquels l’argent est placé est de 3% dans notre exemple (à euro constant).

    Combien cela fera-t-il à l’arrivée ? 45 734 euros. Soit 71% de plus que l’option 1 ! Évidemment l’argent perçu en direct pourrait également être placé, ce qui modifierait les résultats. L’idée est donc également de démontrer l’intérêt d’épargner à long terme au lieu de “consommer” ce complément.

    L’important est ensuite d’insister sur ce qui fonde le résultat. Grâce à cette affectation sur le PERCOL, le salarié bénéficie : 

    • d’une exonération totale d’impôt sur les primes de partage de la valeur
    • des intérêts de ses placements (même s’ils ne sont pas garantis) année après année (ces derniers seront assujettis à prélèvements sociaux au taux de 17,2% et impôt sur le revenu s’ils ne sont pas réinvestis dans le plan)

    Finalement, le gain à long terme peut s’avérer vraiment très important. Il le sera d’autant plus si le taux marginal d'imposition du salarié est élevé.

    NB : le cas présenté est celui d’une sortie du PERCOL sous forme de capital mais une conversion en rente est aussi possible (avec un régime fiscal différent).

Conclusion

  • Les dispositifs d’épargne salariale et retraite connaissent depuis quelques années des évolutions significatives. Partenaires sociaux et législateur souhaitent les rendre accessibles auprès du plus grand nombre.

    Si les TPE/PME semblent en retard, les choses pourraient rapidement changer sous l’impulsion de la loi relative au partage de la valeur de novembre 2023.

    Les cabinets d’expertise comptable joueront, à n’en pas douter, un rôle clé dans cette évolution.

    Aussi, pour vous aider à accompagner au mieux vos clients sur ces sujets, vous pouvez compter sur les équipes d’Harmonie Mutuelle.

    D’ailleurs, pour aider encore davantage les entreprises à arbitrer quant au dispositif de partage de la valeur le plus pertinent pour elles, nous mettons à leur disposition un simulateur. Testez-le !

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    Il n’existe cependant pas de fatalité. Pour améliorer l'attractivité de votre entreprise, vous devez travailler sur les conditions de travail, l'image et votre politique salariale. Mais parler salaire, ce n’est pas raisonner uniquement en salaire brut. Bien au contraire ! Plus que jamais, votre entreprise se doit de proposer des dispositifs de partage de la valeur afin d’améliorer la rémunération nette proposée à vos salariés.