Comment lutter contre l’absentéisme au travail ?

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Mis à jour le 06 mai 2024


Qu’on se le dise : l’absentéisme est et sera encore le sujet de toutes les entreprises dans les années à venir et ce, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité ! Pourquoi ? Parce que, crise Covid ou pas, l’absentéisme continue de croître chaque année. Pour autant, ce n’est pas irrévocable. Voici donc quelques chiffres pour mieux comprendre cette nouvelle problématique à laquelle les entreprises doivent faire face, et des propositions de solutions concrètes pour agir.

De nombreuses études le montrent : l’absentéisme augmente chaque année en France¹. Et cette tendance de fond date bien d’avant la crise Covid. Après une baisse en 2020 due notamment aux confinements, au chômage partiel et aux reports de soins qui ont freiné l’absentéisme, les chiffres sont repartis à la hausse en 2021, avec 38% de salariés qui se sont vu prescrire un arrêt de travail dans l’année, contre 36% en 2020².

Les principaux motifs d’arrêts ? La maladie ordinaire (22% des arrêts prescrits), les troubles musculosquelettiques (18%), les accidents ou traumatismes (16%) et les troubles psychologiques (15%). À noter : les arrêts de longue durée³ sont de plus en plus longs, passant de 94 à 105 jours en moyenne. Autre caractéristique de l’absentéisme en 2021 : l’augmentation des arrêts multiples, qui précèdent souvent un arrêt plus long.

Un sujet de préoccupation majeure

Résultat : l’absentéisme représente un sujet de préoccupation majeur pour plus de la moitié des chefs d’entreprises qui surveillent de près son évolution (augmentation du nombre, fréquence, durée et lien de cause à effet). Il faut dire que les conséquences de l’absentéisme au travail sont nombreuses, il engendre souvent :

  • des problèmes de réorganisation interne : les dirigeants doivent réagir rapidement afin d’éviter une augmentation de la charge de travail pour le reste de l’équipe, une baisse de la productivité ou encore des retards de livraison… et, au final, l’insatisfaction des clients ! 
  • des conséquences d’ordre financier : baisse de rentabilité, surcoût nécessité par le remplacement du salarié absent, pertes d’opportunités… la facture s’alourdit ! Au cours des deux dernières années, 46 % des dirigeants ont ainsi vu les coûts - directs et indirects - liés à l’absentéisme augmenter ; 
  • des effets sur le climat social : le taux d’absentéisme constitue également un important indicateur du climat social qui entre dans la RSE, révélateur de l’ambiance au travail et de la motivation des équipes. 

Un phénomène multifactoriel

De nature personnelle ou professionnelle, les causes de l’absentéisme sont aussi multiples que variées : difficultés pour faire garder un enfant malade, charge pesant sur un aidant, état de santé non lié au travail ou, a contrario, état de stress professionnel, mauvaises conditions de travail, maladie ou accident professionnel…

Particulièrement sollicités depuis le début de la crise Covid, les managers sont, par exemple, de plus en plus nombreux à s’arrêter (43%, contre 41% en 2020). Et plus de la moitié des salariés aidants (51%) s’est également vu prescrire un arrêt maladie, contre 47% en 2020. Enfin, certaines absences pour raisons psychologiques (stress, épuisement) ou physiques (TMS) qui pourraient être évitées représentent, au total, deux tiers des arrêts de travail. Ces risques d’absentéisme peuvent, en effet, être diminués grâce à des actions de prévention ciblées.

Combattre l’absentéisme

Comment alors limiter durablement les dégâts ? Et par quoi commencer ? Pierre Garcia, Responsable Développement Grands Comptes chez Harmonie Mutuelle, livre ses recommandations.

« On voit souvent l’absentéisme comme un chiffre, mais derrière ce chiffre se cachent en général des situations extrêmement complexes. Il s’agit donc d’abord de comprendre, de connaître et d’objectiver ce phénomène. Mais attention, cette analyse, souvent difficile à réaliser, peut se révéler assez chronophage pour un dirigeant ou un DRH et, parfois même, être biaisée par un manque de recul…  Après cette première étape de diagnostic qualitatif, place au plan d’actions ! Pour améliorer la qualité de vie au travail, susciter les bons réflexes et enrayer l’absentéisme, plusieurs actions de prévention et programmes d’accompagnement peuvent être menés dans l’entreprise. Par exemple, afin de limiter le risque de rechute, l’accompagnement du retour au travail des salariés est très important et ce, quelle que soit la cause de leur absence - maladie, épuisement professionnel ou problème personnel. Autre levier possible pour combattre l’absentéisme : la formation des managers aux risques psychosociaux (RPS). Enfin, rappelons que l’équilibre vie professionnelle-vie privée est aujourd’hui une aspiration majeure des salariés français. Pour 35 % d’entre eux⁴, c’est même l’un des critères clés de la qualité de vie au travail. Cette attente est encore plus prégnante chez les parents de jeunes enfants ou les aidants. Pour prévenir l’explosion de l’absentéisme chez ces collaborateurs sous pression, il est alors nécessaire de mettre en place une organisation adaptée. »

(1) Étude du cabinet Gras Savoye Willis Towers Watson, étude menée par Ayming et AG2R La Mondiale et baromètre réalisé par Malakoff Humanis. 
(2) Chiffres issus du Baromètre annuel Absentéisme Maladie 2021 de Malakoff Humanis, réalisé par Harris Interactive.
(3) Arrêts de plus d’un mois.
(4) Baromètre Observatoire Qualité de Vie au Travail 2018.