Est-ce bien le rôle d’une mutuelle de parler climat ?
Lionel Fournier : On pourrait effectivement se contenter, et c'est déjà beaucoup de donner l’accès aux soins, de permettre aux gens de faire face aux conséquences financières d’un problème de santé. Mais au regard de la situation actuelle, ce n'est pas suffisant. Si l’environnement continue de se dégrader, c'est notre santé qui est en jeu. La canicule est à l’origine de 11 000 morts cet été en France ; cela veut bien dire que le dérèglement climatique a un impact direct sur notre santé. Il faut donc intervenir en amont, et c'est pour cela que Harmonie Mutuelle s'empare du sujet.
Vous faites de la prévention ?
LF : Oui, mais plus globalement, nous savons que les solutions technologiques seront utiles, mais pas suffisantes. On va donc avoir besoin d’accompagner les évolutions des modes de vie sur les mobilités, sur les façons de travailler, etc. En tant qu'organisme mutualiste, nous pouvons justement fédérer les énergies, faire connaître le sujet et agir concrètement.
Comment une mutuelle et les entreprises peuvent-elles agir pour limiter les dérèglements climatiques et améliorer notre santé ?
LF : D’abord, chaque entreprise peut travailler sur son modèle économique, à savoir : comment rendre le service qu’attend mon client en utilisant moins de ressources naturelles, moins d’énergie carbonée. Nous pouvons aider à la réflexion. Nous pouvons aussi intervenir sur d’autres sujets, comme la mobilité par exemple. Aujourd'hui, nous savons qu’utiliser des mobilités actives, comme le vélo, c’est bon pour la santé en évitant certaines conséquences du diabète, des maladies cardiovasculaires ou de certains cancers. Mais nous pouvons aussi très concrètement accompagner les entreprises pour lutter contre les vols de vélo, par exemple.
Les entreprises peuvent installer des parkings à vélos ; c’est concret !
LF : Absolument ! Si vous investissez dans un vélo électrique pour faire tous les matins de 5 à 10 kilomètres et que vous vous faites voler votre vélo une fois, vous ne recommencerez pas. Il y a aussi le sujet de l’alimentation. Avoir une alimentation de produits frais locaux, vous allez le faire s’ils sont accessibles. Mais si c'est trop compliqué dans votre vie quotidienne, vous ne le ferez pas. Il faut donc traiter ces sujets-là.
Est-ce que la sobriété est une des solutions pour lutter contre le dérèglement climatique et améliorer la santé des salariés ?
LF : C’est une solution. Aller vers moins d’utilisation d’énergies carbonées, pétrole ou gaz, c'est un élément essentiel de lutte contre le dérèglement climatique. De toute façon, les entreprises vont devoir, à leur façon et à leur rythme, aller vers des modes de production ou de distribution, moins consommateurs de ressources naturelles ou d'énergie carbonée, car les prix ne vont pas diminuer.
Harmonie mutuelle est allée plus loin en signant un partenariat avec l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Que prévoit concrètement ce partenariat ?
LF : Prenons les études scientifiques : si nous dépassons 1,5 degré de réchauffement global mondial voire si nous atteignons les 2 degrés - comme c’est malheureusement possible -, les conséquences seront très réelles sur notre santé. Et tout ce que feront les entreprises pour lutter contre le dérèglement climatique, ce sera du concret pour notre santé.
L’Ademe a justement une compétence reconnue auprès des entreprises pour créer des programmes avec une action structurante, forte, coordonnée et puissante de décarbonation.
Pour l'instant, nous avons choisi 3 programmes :
- Le fond de décarbonation de l'industrie, c'est à dire des industries qui décarbonent une chaîne industrielle.
- Le fonds chaleur, c'est à dire des entreprises qui sont très consommatrices de chaleur et qui se basent sur une production décarbonée.
- Les entreprises qui ont fait évaluer leur stratégie climat dans le cadre de la méthode ACT et qui publient leurs notes. Et je peux vous dire que compte tenu du niveau d'exigence de cette évaluation, les entreprises qui publient leurs notes sont vraiment dans une perspective de progrès sérieux.
Concernant les entreprises qui suivent ces programmes, nous avons décidé de les accompagner et de leur accorder des avantages sur la protection sociale avec des avantages tarifaires et des services complémentaires en entreprise pour leurs salariés. Ce qui permet d’associer la dimension écologique à la dimension sociale.