Quel regard portez-vous sur cette guerre des talents ?
L’enjeu d’attractivité de notre secteur n’est pas une problématique nouvelle : la profession peine à recruter déjà depuis quelques années. Le métier souffre d’une image assez austère. Elle est, selon moi, alimentée par des préjugés qui ne correspondent pas ou plus à la réalité. Les gens ont en tête des cabinets libéraux centrés comme jadis autour de l’expert, alors entouré de collaborateurs qui travaillent dans l’ombre, à un rythme intense, et souffrent d’un manque criant de reconnaissance. C’est loin d’être la vérité aujourd’hui !
Par exemple, au sein de notre association IGAM, tout le monde est salarié, il n’y a pas d’associés : le prisme n’est pas le même, ça change la donne en matière de reconnaissance et d’équité. Par ailleurs, notre métier est très enrichissant et très stimulant : les typologies de dossiers et de situations sont extrêmement variées. Enfin, la profession s’est modernisée sous le vent de la digitalisation, qui avance à vitesse grand V (tenue des comptes, facture électronique, gestion de la paie…).
La protection sociale peut-elle constituer un levier d’attractivité ?
Oui, sans aucun doute. Au-delà de la rémunération, les candidats accordent de l’importance aux avantages sociaux et financiers qui peuvent leur être proposés. En général, ils ne s’y intéressent pas d’emblée, dès le premier entretien, mais plutôt lors des échanges suivants. Ils nous posent régulièrement des questions sur la protection sociale, notamment au sujet de la couverture santé (remboursement des soins dentaires, optiques, des séances d’ostéopathie…). Leur proposer une bonne mutuelle, plus avantageuse et couvrante que les minimums légaux, est un atout.
Il en est de même pour le contrat de prévoyance collective : les futurs candidats sont rassurés de savoir que leurs ayants droit seront également couverts. À la protection sociale s’ajoutent d’autres avantages comme les tickets restaurant, l’épargne salariale (intéressement et participation) ou le CSE, et les conditions de travail qui jouent un rôle accru : management responsabilisant, reconnaissance, bienveillance, temps de travail, télétravail, actions de prévention santé-sécurité, etc. Tous ces éléments constituent d’importants leviers pour améliorer l’attractivité des structures comptables.
À votre avis, quel sera le grand défi RH à relever demain ?
À mon sens, le principal défi qui nous attend, c’est celui de la formation et du développement des compétences. Il n’est pas spécifiquement propre à l’expertise comptable, d’autres secteurs d’activité y sont également confrontés. Car aujourd’hui, on exerce souvent plusieurs métiers dans sa vie. Les reconversions professionnelles ont le vent en poupe. Selon une étude IFOP d’avril 2022, 87 % des Français étaient prêts à changer de métier !
De fait, les candidats qui postulent peuvent avoir des expériences professionnelles assez éloignées de notre secteur. À nous donc de les former, de les accompagner et de les aider à développer leurs compétences ! Nous devons apprendre à être ouverts à la différence. Elle peut faire peur, mais elle est riche d’enseignements et de partage. Il faut changer notre façon de faire.
Retrouvez l’ensemble des interviews DRH