La santé des femmes au travail, un défi pour les entreprises

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Mis à jour le 25 mars 2024


Au-delà de la lutte contre les discriminations et contre les violences faites aux femmes (en 2023, 20 % des femmes ont subi au mois un fait de violence – agression, harcèlement, violence sexuelle et sexiste – dans le cadre de leur travail au cours de l’année écoulée1), la santé au travail des femmes représente un enjeu majeur de santé publique et un chantier à ouvrir dans de nombreuses entreprises. Pourquoi ? Comment ? État des lieux.

Pour mieux tendre vers l’égalité, il est nécessaire de repérer d’abord les inégalités. Et en matière de santé au travail, entre les femmes et les hommes, elles sont assez nombreuses, bien que le sujet soit peu connu, voire ignoré, jusqu’ici par les pouvoirs publics et les employeurs… Dressons ensemble un rapide état des lieux.

Premier constat : la santé des femmes est trop souvent négligée. Selon un sondage réalisé par l’institut Elabe en 2021, 80 % des femmes prennent en charge la santé de leur entourage avant la leur, et elles sont 77 % à repousser le moment de consulter. Ainsi, 70 % d’entre elles déclarent ne se rendre chez le médecin que lorsqu'elles n'ont plus du tout le choix !

Des maladies spécifiques

  • Par ailleurs, la vie des femmes est ponctuée de changements hormonaux importants qui sont sources de vulnérabilité et peuvent engendrer d’importants problèmes de santé : règles douloureuses, voire handicapantes ou incapacitantes, endométriose, syndrome des ovaires polykystiques (principale cause d’infertilité), ostéoporose, ménopause, etc.

    Pour preuves, une femme sur huit développe un cancer du sein au cours de sa vie selon l’Institut national du cancer, et le travail de nuit augmente de 26 % ce risque de cancer1. Chaque année, 500 000 femmes entrent en ménopause. Une femme sur 10 souffre d’endométriose sur son lieu de travail et 40 % des femmes souffrent de douleurs pelviennes chroniques. Pourtant, ces problèmes liés à la santé sexuelle et reproductive des femmes sont encore largement sous-estimés, voire méconnus, dans le monde du travail…

Une vie plus longue, mais en moins bonne santé

Autre état de fait : la vie des femmes est certes plus longue que celle des hommes, mais leurs années de vie supplémentaires sont marquées par davantage de problèmes de santé ou de perte d’autonomie. En 2023, l’espérance de vie moyenne des femmes était supérieure de presque six ans à celle des hommes : 85,7 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes2. Pourtant, selon la Drees3, en 2018, l’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire le nombre d’années qu’une personne peut compter vivre sans souffrir d’incapacité dans les gestes de la vie quotidienne, s’élevait seulement à 64,5 ans pour les femmes et à 63,4 ans pour les hommes, soit un écart d’un an environ !

Rappelons que les principales causes de mortalité des femmes sont, en premier, les maladies cardiovasculaires (infarctus et AVC) et, en second, les cancers, celui du sein et du col de l’utérus, les plus fréquents, et celui des poumons, le plus meurtrier. 54 % des victimes d’accidents cardiaques mortels sont des femmes, sachant qu’il existe une réelle différence de prise en charge et de diagnostic entre les femmes et les hommes : ce biais de genre entraînerait un retard d’une heure dans leur prise en charge.

Des risques invisibles

Les conditions d’emploi des femmes semblent également moins favorables. En effet, les femmes sont surreprésentées dans les métiers les plus précaires et quatre fois plus concernées que les hommes par le temps partiel. Elles constituent notamment 70 % des travailleurs pauvres et 85 % des familles monoparentales.

Par ailleurs, elles se situent en première ligne face aux risques psychosociaux (RPS) : 60 % des personnes atteintes de troubles musculosquelettiques (TMS) sont des femmes, et il y a trois fois plus de signalements de souffrance psychique chez elles. « Les femmes sont majoritairement exposées à des risques invisibles et silencieux, liés à une usure physique et psychique, alors que les hommes sont davantage exposés à des dangers visibles et engageant le pronostic vital (accidents, amiante…) », précise le rapport d’information du Sénat sur la santé des femmes au travail réalisé en juin 2023 par la délégation aux droits des femmes1.

Agir pour la santé des femmes

  • Le rapport d'information du Sénat le résume, « les répercussions du travail sur la santé des femmes sont encore largement méconnues et minimisées ». Aujourd’hui en France, il n’existe malheureusement pas encore de stratégie nationale pour la santé des femmes, mais ce rapport et les 23 recommandations qui y sont formulées par les rapporteuses contribuent à faire bouger les lignes et sont encourageantes pour l’avenir. À terme, les risques professionnels qui pèsent sur la santé des femmes et leur renonciation aux soins peuvent entraîner un risque d’absentéisme et de désinsertion professionnelle.

    Agir sur la santé des femmes, c’est donc aussi maintenir leur employabilité et suivre l’allongement des carrières professionnelles. Pour Harmonie Mutuelle, agir sur la santé des femmes, c’est donc, in fine, agir sur la santé de la société. Comment aider vos salariées à prendre soin d’elles ? Harmonie Mutuelle travaille sur une nouvelle solution de prévention exclusivement féminine : un accompagnement individuel et personnalisé réalisé par une sage-femme. Ce programme de prévention clé en main, va être expérimenté auprès de plusieurs entreprises, et devrait ainsi permettre de répondre aux besoins spécifiques de leurs salariées en matière de santé tout au long de leur vie.



    Pour en savoir plus > contactez-nous 

  • (1) https://www.senat.fr/fileadmin/Presse/Documents_pdf/20230628_Essentiel_Sante_femmes_travail_Embargo_01.pdf

    (2) https://www.insee.fr/fr/outil-interactif/5367857/details/40_SOC/44_EGF/44A_figure1

    (3) https://www.francetvinfo.fr/sante/senior/les-femmes-vivent-plus-longtemps-que-les-hommes-mais-pas-en-bonne-sante_3650141.html